Alors que d'habitude j'écris sur ce blog au feeling et selon l'inspiration du moment, voici un article auquel je réfléchis depuis 3 jours et que je me sens prête à partager maintenant.

Depuis mercredi, je vois de partout "Je suis Charlie". Peut être que, si vous m'avez en amie sur Facebook, avez-vous remarqué que je n'ai ni partagé ce slogan, ni mis sur mon profil, ni liké. Olivier - qui est fan de Charlie Hebdo - a fait la pancarte devant chez moi mercredi, seule je ne l'aurais pas  (encore) mise. Il y a une explication toute simple : je suis une vraie tête de pioche. De manière générale, je suis une rebelle du slogan, encore plus s'il a la bonne idée d'être repris par la terre entière. Avant de partager une phrase si simple mais si porteuse de sens, j'ai besoin de m'en imprégner vraiment et de me questionner si c'est un combat qui me correspond, un combat que je veux mener. Une vraie tête de pioche je vous dis !

Cela fait donc depuis mercredi que je me demande : Suis-je vraiment Charlie ? A priori, ça partait plutôt mal. Je n'ai jamais acheté un Charlie Hebdo de ma vie, même si je reconnais que j'appréciais vraiment les dessinateurs et la liberté d'expression qu'ils véhiculaient. Jamais ô grand jamais je n'aurais eu le courage de faire le millionième de ce qu'ils ont osé, en grande trouillarde que je suis. Dans ces conditions là, suis-je vraiment Charlie ? Bien sûr, je suis pour la liberté et contre le terrorisme... mais est-ce suffisant ?

J'ai retourné ces questions dans ma tête tous ces jours. Alors, au lieu de supporter mon cerveau qui carbure toujours en boucle et qui m'autofatigue un peu trop régulièrement, j'ai fini par écouter mon coeur. Mon coeur qui a une fêlure depuis mercredi. Mon coeur qui n'arrive pas à se remettre de tant de violence inutile. Mon coeur qui se serre en regardant mes enfants. Et grâce à lui j'ai pris une décision importante.  Jamais je ne pourrai lutter contre le terrorisme en frontal, j'ai trop peur. Mais j'ai d'autres armes. J'ai l'éducation. J'ai la compassion. J'ai la tolérance. Et j'ai surtout l'envie d'aider les victimes de ces bêtises sans nom.

Alors je me suis faite une promesse à moi même : l'année 2015 ayant bien mal commencé, j'aurais, d'ici fin 2015, trouvé comment raccorder la souffrance dans le monde et mes armes personnelles. Ca sera certainement très peu, mais tant pis. Pour le moment, je garde ces objectifs en tête et quand mon but sera atteint, enfin, je serai Charlie. Je le promets à toutes les victimes de ces terribles attentats, par respect pour leur engagement.

En attendant, je lis des débats de ci de là : fallait-il tuer les terroristes ou les garder vivants pour les juger ? Fallait-il que les juifs se réunissent dans une synagogue ? Fallait-il que Barack Obama vienne à Paris ou non pour soutenir la France ? Les réponses, forcément contradictoires que je lis, me laissent songeuse... 66 millions de français, 66 millions d'opinions, et autant d'énergie perdue. N'oublions pas où est véritablement la cible à atteindre...

Voilà, cet article clôt mon discours sur Charlie Hebdo. J'aimerais bien savoir comment est pour vous votre "Je suis Charlie". N'hésitez pas à me partager votre combat, ici ou ailleurs. Gardons confiance à plusieurs pour un monde meilleur.

Edit : ma copine Marie m'a pris en photo dimanche lors du rassemblement à Houston, où plusieurs centaines de personnes sont allées tristement montrer à la France qu'on pense fort à eux. Cette photo me fait sourire : je suis Charlie, bien sûr, mais ma tête est tournée ailleurs. Parce que je suis Charlie à 99 %. Et que le 1% qui manque, ce n'est que de la force, de la volonté, du courage, pour mener à bien le projet que je me suis fixée.

Cette pancarte trône désormais dans ma pièce de couture, et elle y restera tant que mon objectif ne sera pas atteint.