Je sais que vous êtes nombreux à attendre mon article sur NYC, mais sincèrement, pour l'instant, je ne peux pas. Depuis hier, un petit bout de mon coeur est parti rejoindre l'éternité...

Aujourd'hui, j'ai envie de reprendre la plume pour vous expliquer comment se sont passées ces deux journées terribles pour moi.

Lorsque je me suis levée hier, j'ai comme tous les matins pris mon petit dej, preparé mes enfants, leurs lunchbox, et je suis montée prendre ma douche. Comme tous les matins. Et juste avant de me mettre sous l'eau, je regarde pour la première fois de la journée Facebook. Je vois des messages. Je comprends pas bien. Il s'est passé un truc à Charlie Hebdo. On n'est pas le 1er avril. Je lis des mots terribles, attaque, terroristes, morts. Je vais lire les infos. Et je prends littéralement une douche froide. Pas trop sûre de moi, je redescends voir Olivier. "Putain, tu as lu ce qu'il s'est passé?".

La matinée continue, je vais à une réunion, nous en parlons rapidement avec mes collègues avec un seul mot. "Terrible". Rien d'autre ne vient. Et puis à midi, je file chez Ikea. Et là, je réalise. Je regarde les vendeurs qui sourient, les clients qui flânent, les enfants qui râlent, et je comprends que personne, PERSONNE, ne sais ce que je ressens. Personne.

Alors c'est ça aussi être expat ? Avoir le coeur en miettes et être loin des seules personnes avec qui je pourrais le partager ?

L'après midi, je tente vainement de m'occuper chez moi, mais tout me renvoit à Charlie. Je passe 2h sur internet. Et puis je vais à l'école chercher mes enfants. Je conduis au milieu des américains, j'écoute une chanson gaie à la radio et là, pour la première fois, je pleure. Je crois que je ne me suis jamais sentie aussi seule.

En arrivant à l'école, j'essuie mes larmes, j'accroche un demi sourire à mon visage et je réponds machinalement à tous ces américains qui me demandent comment ça va aujourd'hui. Je vais chercher Salomé, je ne dis rien, et puis je vais chercher Robin, et là je n'y arrive plus. La maîtresse me demande si ça va car j'ai, parait-il, un visage un peu rougie. "Non, ça ne va pas. Savez-vous ce qu'il s'est passé en France aujourd'hui ? ". Et j'explique. Je suis triste, tellement triste pour mon pays, pour ces pauvres hommes et femmes, pour notre avenir, pour le monde.

En rentrant chez moi, je decide de fabriquer un drapeau français. Je prends ma boite de tissus, je coupe, j'assemble, je couds et j'accroche notre drapeau à la porte. J'allume des bougies. Olivier fabrique une pancarte "On est Charlie". Je veux que les américains se questionnent. Ca sera ma façon à moi de rendre un dernier hommage à cet acte impensable du 7 janvier 2015.

Et aujourd'hui ? Aujourd'hui, plus rien. La majorité des américains ont certainement lu la nouvelle hier, mais aujourd'hui la page est déjà tournée. Tiens, qu'est ce qu'il y a à la télé ce soir ? Et nous, les français du bout du monde, nous sommes encore seuls avec notre peine. Je crois que tous, aujourd'hui, on voudrait être en France. On voudrait être là pour pleurer avec vous, on voudrait aller aux rassemblements, on voudrait partager un peu de ce poids. En tout cas, moi je voudrais être là.

Aujourd'hui, avec ma copine Marie, nous nous sommes demandées comment a pu se passer le lendemain du 11 septembre. Je croyais avoir compris la peine des américains, mais c'est hier, en le vivant en plein coeur, que j'ai vraiment realisé. Lors de mon voyage à NYC, nous avons visité le "Ground Zéro". Et j'ai rien compris. Maintenant je comprends.

J'ai mal à mon coeur, j'ai le mal de mon pays. Douce France, je continue de pleurer avec toi.